Mentir sur son CV, une faute grave
Avec la lettre de motivation, le CV est la première vitrine de présentation du salarié. C'est d'ailleurs la seule, lorsque le profil finit à la corbeille plutôt que de rejoindre la pile des candidats à contacter en vue de réaliser un entretien. Pour échapper à cet écrémage préalable, il est indispensable de soigner le contenu de son curriculum vitæ. Entre une sélection pertinente de ses expériences par rapport au poste proposé et un embellissement de son parcours afin de coller au plus près de l'annonce, il n'y a toutefois qu'un pas… que de nombreux candidats franchissent.
Enjoliver un peu, beaucoup…
« Un petit mensonge ce n'est pas bien grave, tout le monde le fait. » Voilà le genre de réflexions qui peuvent convaincre certains demandeurs d'emploi d'enjoliver quelque peu le tableau pour maximiser leurs chances de décrocher un job. Les sites internet regorgent de confessions de ce type. Du simple embellissement à l'invention pure et simple ou à l'omission nette, il y en a pour tous les goûts.
Il est ainsi très courant de considérer que des rudiments d'anglais hérités du lycée constituent un « bon niveau » de langue, tandis que des utilisations grossières de Paint démontrent une « maîtrise des logiciels de retouche photographique ». Pour combler une période d'inactivité et ne pas risquer de passer pour un dilettante, on peut également s'inventer une mission de bénévolat ou choisir de rester flou sur les dates de début et de fin de ses contrats de travail, pour gommer des mois ou des années de chômage. De même, certains candidats n'hésitent pas à gonfler leurs expériences professionnelles ou leurs diplômes, voire carrément à s'en attribuer d'autres, de façon purement fictive.
Dérapage incontrôlé
Attention toutefois, car plus le mensonge est gros, plus il est aisément décelable. Si, contrairement aux Anglo-saxons, les entreprises françaises n'ont pas encore pour réflexe de vérifier systématiquement les références de chaque candidat, les pratiques d'outre-Manche sont en train de gagner du terrain.
Face à la banalisation des mensonges sur les CV, de plus en plus de sociétés font appel à des cabinets de recrutement chargés de passer au crible les profils des postulants. Sans compter qu'un entretien face à face peut vite faire tomber le masque d'un candidat.
Mieux vaut alors prendre les devants, afin de rétablir la vérité en confessant par exemple une petite omission.
En revanche, dans l'hypothèse d'une tricherie plus conséquente, vous prenez le risque d'être blacklisté dans l'entreprise dans laquelle vous prospectez, mais aussi dans tout le secteur de ladite société. Et même si vous parvenez à obtenir le poste souhaité, grâce à ces artifices, encore faut-il qu'ils ne soient pas découverts plus tard, au risque d'être licencié pour ce motif.
Le mensonge en procès
En vertu de la loi du 31 décembre 1992, en effet, il est de la responsabilité de l'employeur de s'assurer que les informations figurant sur le CV de ses salariés sont véridiques. Toutefois, les tribunaux considèrent qu'un chef d'entreprise peut valablement licencier pour faute un employé ayant triché sur son curriculum vitæ, à condition qu'il soit passé entre les mailles du filet, malgré les vérifications de rigueur, et qu'il soit prouvé qu'il n'aurait jamais pu obtenir le poste sans ces éventuels mensonges.
Un arrêt de la Cour de cassation du 25 novembre 2015 a d'ailleurs considéré qu'une tricherie sur le CV pouvait même justifier un licenciement pour faute grave. En l'espèce, il s'agissait d'un directeur des ventes qui s'était inventé une expérience professionnelle antérieure chez une société concurrente.À noter
Pour limiter les abus, l'Education nationale est en train de plancher sur un futur service public gratuit qui permettra aux recruteurs d'authentifier tous les diplômes des candidats. La mise en ligne est prévue pour la fin d'année.