Soulagement à Paris avec la cession officielle de Vale NC
L’accord a été signé hier à l’issue de négociations suivies de très près par le gouvernement français via les ministères de l’économie et des outremers.
" C’est un accord complexe parce que c’était un sujet complexe ! " Du côté de Bercy, l’un des deux ministères, avec celui des Outremers, où l’on n’a pas compté ses efforts pour parvenir à trouver une solution au problème de la reprise de Vale NC, on ne nie pas les difficultés auxquelles il a fallu faire face avant d’en arriver au deal qui vient d’être signé, ce jeudi, heure de Nouméa. Mais on souligne aussi que le dossier englobait " des enjeux économiques, sociaux, environnementaux, politiques et sociétaux " qui demandaient du temps pour être efficacement pris en compte. C’est donc hier, mercredi 31 mars 2021 à 13 heures, heure de Paris, qu’a été officialisé l’accord de cession conclu entre le groupe Vale et le consortium " Prony Resources New Caledonia ". La répartition du capital, avec 51 % pour les acteurs calédoniens – dont 30 % pour la SPMSC – et 49 % pour des partenaires privés -19 % pour Trafigura et 30 % pour la Compagnie financière de Prony -, a donc été confirmée et validée par la signature de toutes les parties. Du côté des autorités françaises, le soulagement était palpable, eu égard aux très forts enjeux rappelés par le ministère de l’économie et des finances, où l’on soulignait qu’il en allait " de l’avenir de plus de 1 200 salariés, 1 300 emplois de sous-traitance et de tout un écosystème dépendant de cette activité. "
Pour permettre la conclusion de cette méga-transaction, l’État a mis la main au portefeuille, en apportant un soutien global de l’ordre de 500 millions d’euros, dont un prêt de 200 millions, une garantie bancaire de 180 millions et diverses autres aides évaluées 120 millions. Vale NC a de son côté laissé 550 millions de dollars, tandis que le courtier en matières premières Trafigura apportait 50 millions en cash et que le fonds d’investissement néo-zélandais Agio mettait 25 millions sur la table. Voilà pour l’effort financier. Au ministère des outremers, où la situation a été suivie en direct par le cabinet du ministre, on rappelait également l’impact décisif de l’accord politique signé le 4 mars dernier, rappelant que si l’État avait " fixé un cadre ", ce sont " les acteurs politiques calédoniens, dont madame Backes et Monsieur Wamytan, qui, en parvenant à un accord, ont ouvert la voie à ce dénouement industriel. " Du côté de la rue Oudinot, on insistait aussi sur l’importance jouée dans la résolution du dossier par l’approche environnementale : " Tout le monde a compris qu’il était impossible de transiger sur l’aspect environnemental et qu’il fallait exiger des repreneurs un haut degré de qualité en matière de RSE (*), et donc une attention particulière au projet Lucy. "
" L’arrivée de Tesla, un point crucial "
Au-delà de ce succès, au ministère des Finances, on envisageait déjà la suite des opérations en fixant trois échéances majeures, à savoir " une reprise de l’activité, idéalement vers la mi-avril, une démonstration de la viabilité économique du projet et enfin des rentrées financières. " Pour encadrer ce redémarrage, les signataires se sont mis d’accord sur le maintien à la direction opérationnelle du complexe minier et métallurgique d’Antonin Beurrier. " C’est un gage de stabilité, de continuité et de réussite dans cette phase de transition ", estime-t-on à Bercy, où l’on loue l’expérience et les aptitudes du directeur général, qui devrait rester en poste pour une durée d’un an mais ne jouera aucun rôle dans la suite des opérations, ni à titre opérationnel ni en tant qu’investisseur.
L’officialisation de la vente de Vale NC a aussi été l’occasion de réaffirmer l’importance stratégique du partenariat noué avec le fabricant de véhicules électriques américain Tesla. " L’arrivée de Tesla a été un point crucial, soulignait-on du côté du ministère des outremers, parce que ça permet d’ancrer l’usine dans une perspective industrielle et sur un marché, celui des batteries électriques, particulièrement porteur. " Tesla, qui n’est pas intervenue dans la cession de Vale NC, mais qui apportera son expertise dans trois domaines précis : le développement et l’optimisation du procédé industriel, le respect des exigences en matière de développement durable et, enfin, la génération et le stockage des énergies renouvelables.
De manière plus solennelle, Bruno Lemaire et Sébastien Lecornu ont salué mercredi, " le pragmatisme et la responsabilité de l’ensemble des membres du consortium, la direction de l’entreprise et ses salariés, le groupe Trafigura et les représentants des collectivités calédoniennes, qui ont su trouver un compromis ", soulignant au passage " le professionnalisme du groupe Vale tout au long du processus de recherche d’un repreneur et son engagement de céder de manière responsable son site de Nouvelle-Calédonie. "
(*) Responsabilité sociale et environnementale