Tout juste dévoilé, un taux de chômage inquiétant chez les jeunes
Tant attendu, tant désiré, le taux de chômage est enfin arrivé. Né d’une enquête financée par le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, cet indicateur, mesuré pour la première fois dans le pays selon la définition du Bureau international du travail (BIT), s’élève à 11,6 %, en 2017. Soit 14 900 personnes concernées. Le ratio dévoilé est « supérieur à celui de la France entière, de trois points, mais est nettement inférieur à celui des autres territoires français d’outre- mer, qui se situe entre 18 et 22 % » observe Véronique Ujicas, de l’Institut de la statistique et des études économiques (Isee). La Calédonie n’est pas la dernière zone ultramarine à avoir produit cette référence essentielle, la Polynésie française démarre l’enquête cette année. Les intervenants de l’Isee ont pointé hier « un niveau de chômage relativement contenu » sur ce sol calédonien. Notamment par rapport à ce que ce taux pourrait réellement être si l’ensemble des personnes souhaitant travailler figuraient dans ces critères du BIT. En effet, des habitants désirent un emploi, mais ne font pas de recherche active, ou ne sont pas disponibles rapidement. D’où le nouveau concept de « halo autour du chômage ». « Au total, ce sont ainsi 28 000 personnes sans emploi qui souhaitent travailler, soit 15 % des 15–64 ans (contre 11 % en France entière en 2017) », mentionne l’Isee. Plus de la moitié a entre 25 et 49 ans.
Affiner les actions
Le passage de la loupe sur les chiffres récoltés fait apparaître un phénomène inquiétant. D’autant plus déroutant dans un territoire réputé pour la jeunesse de sa population. Le taux de chômage chez les jeunes, c’est-à-dire les 15 à 24 ans, grimpe à 36 %, soit trois fois plus élevé que pour l’ensemble calédonien. En outre, l’indicateur est quatre fois plus important pour les moins de 25 ans que pour les plus âgés (8 %). Autre signal, 42 % des jeunes de moins de 30 ans ayant un emploi salarié sont dans une situation d’emploi précaire. Ces données brutes interrogent donc sur l’efficacité de modèles de formation et de relation avec les entreprises.
Le bac ne suffit pas
Des axes de réforme sont d’ailleurs listés. « Cette « enquête sur les forces de travail » intègre beaucoup d’éléments intéressants pour la Calédonie, qui lui permettent de mieux analyser son marché de l’emploi, et, du coup, de mieux évaluer et prévoir ses politiques publiques », a insisté Magda Bonal-Turaud, directrice du Travail et de l'Emploi. Devant le tableau, Philippe Martin, directeur de la Formation professionnelle continue, a décelé hier « une urgence » à détenir ces études régulières afin d’affiner les plans d’action. Des conclusions de cette première édition interpellent. Exemple, « le taux de chômage des jeunes ayant obtenu un CAP ou un BEP est de 5 points inférieur au taux de chômage de ceux qui ont un baccalauréat comme plus haut diplôme (29 %). Le phénomène est encore plus marqué pour les jeunes femmes, dont le taux de chômage des détentrices d’un CAP ou d’un BEP est de 20 points inférieur à celui des bachelières », écrit l’Isee. Remarque sans surprise, les diplômes de niveau supérieur restent néanmoins la meilleure protection contre l’absence d’emploi, quel que soit l’âge. Plus de la moitié des chômeurs sont dans cette situation depuis plus d’un an. 51 % au chômage dit de « longue durée », contre 45 % en France entière.