Le GEEX, un marché au sein du marché du travail
La règle est simple : premier arrivé, premier servi. Alors dès l’ouverture du guichet, à 6h30, ils sont une petite dizaine à être au rendez-vous. Surtout des hommes, la plupart sans diplôme, qui viennent chercher un petit boulot de manœuvre, d’ouvrier du bâtiment, d’aide-livreur… Créé en 2006 pour répondre aux problèmes d’absentéisme rencontrés par les employeurs de l’agglomération, le GEEX, service de la Direction de l’Économie, de la Formation et de l’Emploi (DEFE) de la Province Sud, est un marché du travail, au sens où s’y rencontrent en direct l’offre et la demande de travail.
« Nous recevons des offres d’emploi à pourvoir de toute urgence, pour une durée de travail de 15 jours maximum et qui ne demandent aucune qualification particulière, détaille Alice Bourles, conseillère à l’emploi. Les travailleurs, de leur côté, doivent avoir plus de 18 ans, être inscrits sur les listes de demandeurs d’emploi, être joignables par téléphone à toute heure et être équipés de chaussures de sécurité. « Être véhiculé, par exemple, ne peut pas être une condition, car peu d’entre eux disposent d’une voiture, poursuit Alice Bourles. Ils sont d’ailleurs nombreux à venir à Ducos à pied. Certains viennent de Koutio, ou de squats encore plus éloignés, cela fait déjà une bonne heure de marche. »
On mise sur le savoir-être
Lorsqu’une offre d’emploi « tombe », les travailleurs sont généralement récupérés au GEEX par l’employeur. Si la chance n’est pas au rendez-vous, ilsse lancent dans la tournée des agences d’intérim de Ducos. Le GEEX, une agence comme une autre ? Teddy Kasim, responsable du bureau des démarches de recherche d’emploi, dont dépend le GEEX, refuse catégoriquement cette assimilation. « La différence fondamentale, c’est que nous sommes un service public. Nous ne sommes pas rémunérés par les entreprises, les travailleurs ne sont pas nos salariés »Il met également en avant la mini formation préalable à la première mission, où il est question dedroit du travail, d’hygiène-sécurité et surtout de savoir-être. Les trois premières semaines, le travailleur a obligation de se présenter tous les matins au guichet, gage de sa bonne volonté.« Les employeurs ont la certitude de trouver dans l’heure un travailleur disponible, équipé, qui sait ce qu’on attend de lui. »
Inverser la tendance
En 2015, 30 entreprises, dont des grands comme Biscochoc ou Provalu, ont fait appel au GEEX, pour un total de 300 offres d’emploi. Elles étaient une cinquantaine l’année d’avant, pour le double d’offres reçues. C’est inévitable, le guichet subit mécaniquement la baisse de régime de l’économie du territoire. D’autant plus que les postes d’intérim faiblement qualifiés sont la variable d’ajustement numéro 1, les premiers à disparaître lors d’un ralentissement de l’activité de l’entreprise.
Malgré le contexte défavorable, Teddy Kasima la conviction que le GEEX a le potentiel pour brasser bien plus d’offres d’emploi. « Le levier à activer, c’est l’employeur. Le guichet est encore largement méconnu, moins d’une entreprise sur deux connaît le GEEX. Nous avons déjà commencé ce travail, et nous préparons un plan de communication qui devra développer notre notoriété auprès des entreprises. »
« Même une journée, c’est toujours ça de pris »
Sur la ligne d’arrivée du GEEX, il était 5e ce matin-là. Voilà un an qu’Eric Cejo, 39 ans, se présente au guichet très régulièrement. Comme beaucoup d’autres, il doit « ramener des pièces » pour nourrir sa petite famille. Aujourd’hui, pas de travail pour lui via le GEEX, mais Eric trouve très souvent chaussure à son pied, notamment des petites missions en maçonnerie. « Des contrats un peu plus long, ça serait bien aussi, ça m’assurerait du travail. Mais même une journée, c’est toujours ça de pris. »