Emploi et handicap : où en est-on ?
Autour de la table, le 25 février dernier, ils étaient tous là : gouvernement, provinces, Sénat coutumier, Congrès, associations… Le schéma directeur du handicap, qui livrera à la fin de l’année l’architecture des futures politiques publiques en la matière, commence à prendre forme. Les premiers plans avaient été dessinés il y a sept ans. Depuis le 1er janvier 2009, les employeurs ont le devoir d’embaucher des personnes en situation de handicap dès lors que leur effectif atteint 20 personnes. Le quota s’élève à 2,5 % de l’effectif total, et les emplois peuvent faire l’objet de subventions importantes de la part des provinces.Si ce seuil n’est pas atteint, il est possible de s’acquitter de l’obligation de solidarité soit en passant des commandes auprès du Centre d’aide par le travail (CAT), soit en payant une contribution financière.
Les réticences persistent
« Malheureusement, les employeurs préfèrent encore largement payer la contribution, qui est relativement faible, plutôt qu’embaucher ou faire travailler le CAT de Tina », regrette Catherine Peyrache, chargée de mission pour le Collectif-Handicaps, groupement d’une trentaine d’associations, porte-voix des familles et partenaire privilégié du gouvernement sur la question du handicap. Les chiffres 2014 de la Direction du Travail et de l’Emploi lui donnent raison : 54 %des collectivités et établissements publics et 58 % des entreprises se sont conformés à la réglementation en payant la contribution plutôt qu’en embauchant ou en faisant appel au CAT, même de façon partielle. « Il n’existe pas de formation spécifique pour le handicap, cela freine clairement l’insertion professionnelle », poursuit Catherine Peyrache.
Voilà toute la difficulté du travail du service de l’emploi et de la formationde la province Sud, à Ducos, qui aide les demandeurs à définir une orientation qui les motive età trouver une formation qui leur convienne. Il s’agit ensuite de soutenir leurs recherches d’emploi et de suivre leur parcours au sein de l’entreprise. Pour Valérie Lo, secrétaire général du CAT de Tina, ce dernier point est crucial. « Il faut lever les craintes des employeurs en étant à leurs côtés. »Au CAT, acteur de référence de l’insertion professionnelle des déficients intellectuels, on a fait de l’accompagnement la clé de la réussite.
Travailler main dans la main
« Les rares fois où il y a un souci avec un travailleur en poste dans une entreprise, nous nous rendons sur place très rapidement pour apporter une solution, explique Valérie Lo. Notre implication constante rassure beaucoup les employeurs. »Le CAT parvient en moyenne à placer cinq travailleurs en CDI par an, « grâce à leur assiduité et à la qualité de leurs productions. »Aurélie Stenfort, directrice des ressources humaines de la société Tennessee Farm, partage cet avis : « La satisfaction a été totale. » Dans le cadre d’un contrat de formation de 3 mois, subventionné en intégralité par la province sud, la laiterie du 6e Km a accueilli en fin d’année 2014 untravailleur présentant unhandicap de fonctions cognitives.« Il a rejoint l’équipe de production, à l’emballage et au conditionnement. Nous avons découvert un ouvrier très motivé, très appliqué, qui a contribué à changer le regard sur le handicap au sein de l’entreprise. » Trouver des solutions pour transformer régulièrement les essais en CDI, ce sera l’un des grands défis du schéma directeur du handicap.